du 15 mars au 31 août 2025
Good service, good performance
Peut-on encore penser l’idée d’utopie, alors que nous évoluons dans un monde profondément transformé par l’hyper-connectivité, la crise démocratique et les nouvelles dynamiques de surveillance ? Que nous dit à ce sujet un projet iconique comme Utopia Station conçu en 2003, à l’ère post 11 septembre ? Comment regarder l’œuvre de l’artiste anglaise Gillian Wearing dansant dans un centre commercial en 1994, à l’aune de Tik-Tok ? En 2025, alors que la big tech et la montée des autoritarismes bouleversent nos interactions et redéfinissent notre rapport à l’information, ces œuvres témoignent d’enjeux qui, déjà dans les années 1980 à 2010, interrogent la fabrication des récits, la marchandisation du langage, la mise en scène de soi et la possibilité d’espaces de dissidence. Individuellement ou collectivement, les œuvres révèlent comment nos corps, nos désirs et nos existences participent à ces dynamiques, s’adaptant ou résistant aux normes imposées, qu’elles soient sociales, médiatiques ou politiques.
L’exposition explore ainsi la relation entre l’injonction à la performance dans notre société contemporaine et le refus des corps – notamment féminins – face à cette exigence de (re)productivité. Au gré des œuvres, « Good Service, Good Performance » propose une expérience faite de cris, de mensonges, de récitations absurdes, d’humour et de silences…On y rencontre des cataplasmes organiques et industriels, des organes sexuels devenus plantes et des sculptures qui doivent être mordues pour être entendues. Les corps respirent fort, dansent, et en arrivent aux mains dans des débats sur la culture et l’identité qui se résolvent en combats de lutte.
« Good Service, Good Performance » questionne ces tensions entre discipline et débordement, contrôle et abandon, vérité et mise en scène. Dans un monde façonné par les algorithmes, où la parole publique oscille entre surenchère et censure, les œuvres exposées rappellent à quel point l’art éclaire notre présent et demeure essentiel pour en penser les transformations.